BOSC GAYRAL
Très rapidement après sa fondation, l'abbaye de Beaulieu s'était entourée de cinq établissements agricoles ou "granges". L'insécurité due à la présence anglaise dans cette région explique en grande partie le mouvement général qui conduisit à fortifier bien des édifices dès la fin du XIVe siècle. Ce même phénomène est observé partout dans le Rouergue, où les moines vont entreprendre la fortification systématique de toutes leurs granges à cette époque.
A Bosc Gayral, l'enceinte s'est progressivement constituée à partir d'une tour carrée du XIVe siècle qui reste parfaitement identifiable aujourd'hui. Les murs, très épais (1,40 m à la base), étaient conçus pour protéger les récoltes, véritable "trésor" à l'époque.
Cette tour n'était pas isolée. Le petit corps de bâtiment accolé à sa droite est également un vestige remanié d'une structure médiévale, à en juger par sa belle porte d'entrée couverte d'un arc brisé chanfreiné, encore en place. Les autres bâtiments sont plus récents. Le logis fermant la cour à l'Est contient quelques lourdes cheminées du XVIe siècle. Une tour ronde, percée de canonnières, présente à l'Est témoigne encore des préoccupations défensives que les moines pouvaient avoir vers la fin du XVIe siècle, au moment des troubles religieux si intenses dans la région. A l'intérieur du logis, le rez-de-chaussée a conservé quelques équipements en pierre : l'évier, le four à pain et surtout la surprenante cuve à lessive fixée dans l'angle du fournil.
Dans le bâtiment situé à l'opposé dans la cour, les vestiges de deux cheminées du XVIe siècle et la présence d'un évier à l'étage montrent qu'il s'agit d'un ancien logis, utilisé ultérieurement comme dépendance. Les préoccupations défensives ont déterminées l'architecture de la bâtisse qui a réussi à concilier les contraintes liées aux triples fonctions qu'elle assurait : agricole, monastique et défensive. Enfin, par sa situation dominante, la tour de Bosc Gayral pouvait assurer également la surveillance de la vallée aux abords de l'abbaye.
Les autres granges dépendant de Beaulieu disparurent rapidement, tandis que celle de Bosc Gayral parvint jusqu'à nos jours.